Élites, jeunesse et pouvoir en Afrique occidentale française (1945-1960)
Collection : Internationale
Publication : 16 juin 2022
Édition : 1re édition
Intérieur : Noir & blanc
Support(s) : Livre broché
Nombre de pages Livre broché : 424
Langue(s) : Français
Code(s) CLIL : 3377
EAN13 Livre broché : 9791035108083
La décolonisation de l'Afrique occidentale française marque-t-elle une rupture? C’est la question que pose ce livre. En plongeant dans cette histoire complexe, Nicolas Bancel propose une analyse articulant l’histoire politique et institutionnelle de l’AOF à l’histoire moins connue de la formation et de la politisation des élites ouest-africaines. Après 1945, une nouvelle génération devient l’avant-garde politique de l’anticolonialisme, malgré les tentatives des autorités coloniales de la contrôler. Au cours des années 1950, les syndicats se renforcent, la jeunesse entre en ébullition politique alors qu’apparaissent les premiers partis indépendantistes d’Afrique occidentale française, menaçant l’ordre colonial d’un front commun. C’est dans ce contexte que les indépendances sont négociées entre les autorités coloniales et la première génération de lettrés africains, leaders des partis politiques de masse. La nouvelle génération politique a perdu la partie; pourtant, ses projets politiques et sociaux sont-ils si différents de ceux des autorités coloniales?
En suivant la formation intellectuelle et corporelle de cette élite, on comprend qu’un processus d’hybridation culturelle est à l’œuvre. Ce processus se caractérise par l’incorporation de valeurs, de normes et de styles de conduite qui rapprochent ces anticolonialistes radicaux de leurs adversaires. Porteurs de valeurs et d’outils intellectuels venus d’Occident, ils engagent une concurrence mimétique avec l’Europe, caractérisant toute l’ambiguïté des décolonisations et ouvrant sur une nouvelle perspective pour appréhender la continuité des politiques coloniales menées après les décolonisations.
Prologue
Matériaux
Après 1945, un new deal colonial
Une rupture
Distinguer les élites
De la politique par le bas…
… À la construction des corps coloniaux
L'échec d'un élitisme colonial
Chapitre 1. Au service de l'empire. Le Conseil de la jeunesse de l’Union française
Une représentativité illusoire
De la déliquescence à la désintégration
Le CJUF face à l’autonomisation de la jeunesse scolarisée
L’utilisation de la propagande coloniale
Un instrument politique inefficace
Divergences politiques, convergences métapolitiques
Chapitre 2. Préserver l’empire : le scoutisme catholique
Un essor chaotique
Une base sociale urbaine et blanche
L’évitement du politique
Un catholicisme conservateur
Une autonomisation en trompe-l’œil
La ségrégation ou la force du préjugé
Chapitre 3. Des Éclaireurs de France aux Éclaireurs d’Afrique
Les EDF, l’école : la formation d’une nouvelle élite africaine
Le scoutisme laïc, combien de divisions ?
Une élite laïque et « progressiste »
Politique impériale, nouvelles alliances avec les élites
Travailler avec l’administration coloniale
La politisation du mouvement
Une autonomisation limitée
La reconnaissance réciproque des élites : l’équipe des relations avec l’outre-mer
L’essor des CEMEA
Une alliance stratégique : les CEMEA et les EDF
Chapitre 4. Hybridations
Des pratiques « indigénisées » ?
Les limites d’une adaptation
Les pratiques scoutes, une rupture avec les sociétés rurales
Puissance de la forme sportive
L’incorporation de la méritocratie
Apprendre le nationalisme
Transformer les sociétés africaines
Émergence du développementalisme
Radicalisation politique, convergence culturelle (1953-1956) ?
Chapitre 5. L’autonomisation politique de la jeunesse
Une rupture : le Conseil fédéral de la jeunesse
Le congrès fédéral de Bamako
La naissance d’un nationalisme développementaliste
La réification de l’État
Différents politiques, concurrence culturelle mimétique
L’analyse des risques politiques par l’administration
Encourager les « modérés »
Neutraliser la radicalisation anticoloniale
L’évolution institutionnelle, une nécessité politique
Chapitre 6. La formation des élites de seconde génération
Un new deal scolaire
L’enjeu politique et social des bourses
Faire émerger une « bourgeoisie noire » ?
Émergence d’une nouvelle élite scolaire
Réussir, quoi qu’il en coûte
Surveiller, contrôler
Solidarité pratique, unification politique
Chapitre 7. Émergence du nationalisme étudiant africain
Prémices
Piège de l’assimilationnisme
Suivre les communistes ou établir une « troisième voie » ?
L’originalité émancipatrice de Cheikh Anta Diop
Ambivalences diopiennes
De l’AGEAP au GAREP: un chemin vers l’indépendance ?
Ruptures
Chapitre 8. La FEANF à la conquête de l’hégémonie sur le mouvement étudiant
Fondations
Assimilation ou révolution ?
Résistance de l’assimilationnisme
La FEANF vers le contrôle de l’ensemble du mouvement étudiant
Du mot d’ordre d’indépendance à l’appel à la révolution
La logique coloniale de l’UNEF
Vers la lutte armée ?
Pacifier l’AOF (1953-1956)
Chapitre 9. Les centres culturels: favoriser la fusion des élites
Un constat d’échec de la politique sociale
Faire de la politique sociale une arme… politique
Contrôler la jeunesse ?
Les moyens de l’utopie
Transposer la propagande coloniale en AOF
Chapitre 10. Faire aimer l’Union française
L’ébauche d’une nouvelle politique sportive
Engager la participation des jeunes
L’impossibilité de réunir Français et Africains
Les colons abandonnés par le pouvoir colonial
L’impact des centres culturels
L’échec d’une utopie
Chapitre 11. Transformer les corps: les sports
Logiques de la domination sportive en AOF
Réformateurs et conservateurs
« Civiliser » les indigènes ?
Une nouvelle dynamique sportive
L’institutionnalisation du sport en AOF
Les villes, territoires du développement sportif
Un développement géographiquement contrasté
Petite sociologie sportive coloniale
L’athlétisme : européaniser les Africains ?
Chapitre 12. Enjeux sociaux et symboliques des sports modernes en AOF
Matchs et compétitions, un leurre de l’égalité coloniale ?
Maintenir sous contrôle le sport colonial
L’essor du football, une métaphore de l’évolution sociohistorique ?
L’apprentissage de la méritocratie
Le statut du sport chez les étudiants africains de métropole
L’impasse (1956-1960)
Chapitre 13. La loi-cadre, une réponse à l’évolution sociopolitique ?
L’organisation juridico-politique de l’AOF avant la loi-cadre
Une libéralisation politique limitée
La mise en œuvre du new deal colonial
Des assemblées locales aux pouvoirs réduits
Un fédéralisme faible
Contraintes et contradictions institutionnelles
Chapitre 14. Crise de la fonction publique et les réformes institutionnelles
Une crise budgétaire sans précédent
L’africanisation de la fonction publique, une nécessité politique
La crise de la bureaucratie coloniale
L’embrasement syndical
Au pied du mur
Le rapport Teitgen
Sortir de l’impasse ?
Chapitre 15. La promulgation de la loi-cadre
Un anticolonialisme des partis africains ?
Les axes de la réforme
Confier la gestion des problèmes sociopolitiques aux élus africains
Intégrer les élites anticoloniales
Les limites de l’africanisation des cadres
Chapitre 16. Vers une situation révolutionnaire ?
Les Éclaireurs dans le mouvement d’autonomisation de la jeunesse
L’émancipation du mouvement
Du Conseil fédéral de la jeunesse d’AOF au Conseil de la jeunesse d’Afrique
La trajectoire des mouvements étudiants après la loi-cadre
La révolution contre la réforme
Un internationalisme révolutionnaire ?
Chapitre 17. Prendre le pouvoir
Face-à-face
La rupture
Dakar, centre de l’activisme étudiant
Connexions avec les partis nationalistes
La révolte des scolaires
Révolution ?
Épilogue
Une histoire de divorce ?
Les moyens de la répression
Quelles indépendances ?
Quel avenir pour l’Afrique ?
Rejoindre l’Occident
Mimétisme universitaire
La métaphore du trousseau
32,00 €
23,00 €
23,00 €
suivez notre actualité