Puisant sa source dans les facultés sensitives, l'esthétique ne s’étend pas moins à l’élaboration de nouvelles manières de penser et d’imaginer des mondes et des formes de vie. L’esthétique possède ses propres « ressorts », ses propriétés dynamiques et ses énergies. Son rapport à l’art n’est ni exclusif ni nécessaire, puisque l’esthétique se déploie de façon explicite dans son rapport aux œuvres et aux processus créatifs sans jamais se réduire à une simple théorie de l’art. L’esthétique, ainsi entendue, garde l’ambivalence et le dynamisme de son étymologie grecque aisthesis, à savoir un champ du sensible où la connaissance se façonne et réussit à émerger par le corps, les sensations et les affects. La discipline esthétique interroge ainsi les trajets menant du sensible à une haute forme d’intelligence.

À la fois débord (sur le dehors) et refuge (au creux d’une intériorité), résistant et vulnérable, agentif et intensif, comment le corps, agi par des puissances transformatrices et des systèmes de défense, est-il pensé et pratiqué ? Attentive aux processus de subjectivation, ainsi qu’à leurs investissements désirants, la collection Ressorts esthétiques s’intéresse aux investigations esthétiques portant sur les ressorts somatiques qui enclenchent des prises de forme. Depuis ce domaine d’exploration privilégié, les travaux accueillis ont vocation à s’étendre aussi en direction de divers terrains disciplinaires et méthodologiques (sémiotique, anthropologique, psychanalytique, etc.), mettant en évidence les enjeux éthiques, les répercussions sociales et les ambitions politiques des partis pris esthétiques.