Français | English

Liberté, un mot spécieux

Le jeu d'un concept


La philosophie à l'œuvre



Disponible chez ce distributeur :

Hobbes nous dit que le mot « liberté » est spécieux. Il existe de fait un contraste frappant entre la plénitude que peut donner l'énonciation du mot, comme dans le célèbre poème d’Éluard, et le sentiment de vide provoqué par la désolante diversité des usages concrets, parfois ouvertement contradictoires. Tôt ou tard, la réflexion bute sur la polarité de la liberté comme affirmation de l’ordre censé nous protéger de la licence, de l’anarchie ou du nihilisme, c’est-à-dire de la « fausse » liberté, ou comme négation de l’ordre dont les contraintes sont suspectées d’être oppressives et incompatibles avec la « vraie » liberté. Les contradictions entre les conceptions de l’ordre associées à la liberté donnent une justification à la conception de la liberté comme négation. Mais celle-ci est également difficile à tenir car elle risque de nier son objet en basculant dans la licence illimitée. Le conflit entre la liberté comme affirmation et la liberté comme négation n’est pas un défaut du concept. Il faut plutôt dire : la liberté est l’un des concepts qui servent à penser la production sociale et historique d’objets par l’activité collective et conflictuelle des hommes. L’oscillation entre ces deux pôles, qui peut être embarrassante au point d’inciter à n’en plus parler, montre que de tels concepts ont une structure ludique, au sens de ce qui fait l’intérêt de jeux intellectuels aussi futiles que les échecs. Ce livre peut se lire comme une introduction au jeu conceptuel de la liberté.

Nestor Capdevila

Nestor Capdevila est maître de conférences en philosophie politique à l'université Paris Ouest Nanterre La Défense et membre de Sophiapol. Il a notamment publié Tocqueville et les frontières de la démocratie (PUF, 2007) et Tocqueville ou Marx. Démocratie, capitalisme et révolution (PUF, 2012).


Nestor Capdevila
La philosophie à l'œuvre
L'histoire de l'Union soviétique a prétendu réaliser l'utopie avant d’en confirmer l’impossibilité. Le présent livre développe cette ambivalence en faisant jouer la polysémie de l’idée d’utopie (négativité, rêve, projet, illusion)et en reproduisant le conflit entre l’utopiste et l’anti-utopiste sous la forme des tourments de la conscience utopique.