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L'affichage administratif au XIXe siècle

Former le consentement

Frédéric Graber

Histoire environnementale



L'administration produit au XIXe siècle des affiches à propos de presque tout. Et pourtant, contrairement aux affiches publicitaires illustrées bien connues, les affiches administratives nous restent encore un peu étrangères. En s’appuyant sur des sources dispersées dans de nombreuses archives locales et sur le fonds exceptionnel d’un imprimeur sarthois, cet ouvrage propose d’explorer l’une des activités centrales de l’administration au XIXe siècle : l’affichage.

S’intéresser à ces objets communs revient à poser la question des conditions matérielles qui permettent de rendre obligatoires des actes administratifs. Publication d’un texte de loi, recrutement militaire, nouveaux tarifs des chemins de fer, travaux sur une route départementale, discours du président de la République… Chaque sujet fait l’objet d’un affichage selon des règles spécifiques. Mais, plutôt qu’inciter à une lecture effective de l’affiche, l’administration privilégie l’appel à tous : la réaction des populations se limitant généralement à leur silence, est alors interprétée comme un consentement plein et entier.

Dans ce processus, l’administration rencontre toutefois de nombreuses difficultés, la conduisant au fil du temps à redéfinir son rapport à la publicité comme les contours de l’autorité publique et de l’espace public ; à envisager, aussi, la protection de certaines affiches plus politiques et à en uniformiser les contenus, en particulier grâce à l’usage croissant de la télégraphie. L’affichage s’impose ainsi au XIXe siècle comme un outil essentiel permettant à l’administration de constituer son activité comme relevant d’un droit administratif et de manifester, dans ses actes, les grandes valeurs héritées de la Révolution – égalité de traitement, liberté d’expression –, tout en encourageant volontairement la révolution industrielle.