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Hébron 1119

Hébron 1119

L'invention du tombeau des Patriarches

Hervé Barbé
Preface by Vincent Lemire

Locus Solus



Pourquoi, quand et comment fut érigé le tombeau des Patriarches à Hébron – appelé Maharat HaMachpelah en hébreu, et Haram al-Khalil en arabe ? Dans ce livre, se déroule sous nos yeux une pièce en trois actes, du récit biblique aux résultats des recherches archéologiques : suivant un développement chronologique, il dévoile la face cachée du sanctuaire, le réseau souterrain menant à une tombe, une grotte double creusée dans le rocher des monts de Judée.

Acte 1. L'histoire de cette découverte commence par une invention médiévale, transcrite au xiie siècle d'après le témoignage oral des chanoines de Saint-Abraham (le nom franc d’Hébron) qui se font à cette occasion moines-archéologues. À leur suite, de rares initiés, juifs et musulmans, autorisés à s’engouffrer sous le sol du sanctuaire livrent quelques comptes rendus de leurs visites.

Acte 2. Du XVIe au XIXe siècle, alors que l’accès au Haram est désormais réservé aux seuls musulmans, le tombeau sombre dans une nouvelle période d’oubli. Rejetés hors du sanctuaire, juifs et chrétiens pratiquent un rituel hors les murs, qui atteste l’héritage mémoriel d’un monde souterrain.

Acte 3. À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, lentement, la mémoire revient avec le balbutiement des recherches archéologiques contemporaines. Difficiles à réaliser, encore plus à imposer, empreintes de rivalités voire mâtinées de mensonges, elles réussissent toutefois à faire surgir la vérité, humblement, et de manière bien éphémère, avant que le sous-sol du tombeau des Patriarches ne retombe à nouveau dans l’oubli dans lequel il se trouve encore figé aujourd’hui.

Cette enquête policière et scientifique, écrite par un archéologue, la première publication en français sur le réseau souterrain menant au tombeau des Patriarches à Hébron depuis 1923, retrace les aléas d’une quête qui dure depuis plus de huit siècles. Alors que l’accès au sous-sol du sanctuaire est de nouveau interdit, cet ouvrage pose la question de la responsabilité universelle de la gestion de ce lieu de mémoire. Son architecture remarquablement conservée, qui porte l’empreinte des différentes cultures qui s’y sont succédé, côtoyées, comme la diversité des acteurs de cette histoire, véritable inventaire à la Prévert, font incontestablement de ce monument un « patrimoine partagé ».